Claude Monet, les pastels
Ce pastel, très lumineux se partage en deux bandes de dimensions à peu près égales – pour la mer et le ciel – seulement séparées par une ligne bleue indigo qui correspond à la côte bas-normande, entre Villerville et Trouville. Sur l’eau, la présence de quelques bouées rouges semble indiquer une scène de régates, ce que viennent confirmer les deux embarcations aux voiles gonflées par le vent sur la gauche. Monet use d’un procédé qu’il reprend en peinture dans La Vague verte 
Claude Monet, La Vague verte, c. 1866, huile sur toile (W73). New York, The Metropolitan Museum of Art. © The Metropolitan Museum of Art / Art Resource, NY. et qui consiste à couper son motif, à le projeter hors cadre afin de traduire la vitesse. La liberté du médium permet à Monet de développer son extraordinaire sens de la couleur. Ici, il utilise les tons purs des pastels, et dans le clapot de l’eau notamment, il mélange les touches pour créer de subtiles teintes argentées. Il dessine rapidement les filaments laiteux des nuages, laissant apparaître la teinte chaude du papier laissé en réserve. Monet capture ainsi les effets fugaces de la lumière, atteignant ainsi une spontanéité d’exécution qui se manifestera pleinement dans sa peinture au cours de la décennie suivante.
En février 1876, à l’occasion d’une visite à Argenteuil en compagnie de Paul Cézanne (1839-1906), Victor Chocquet (1821-1891) fait la connaissance de Monet. Ardent et irréductible défenseur des jeunes artistes impressionnistes, l’amateur décide de lui acheter cette marine au pastel qu’il paie 20 francs1. Une lettre du 4 février 1876, vient confirmer cette acquisition d’un pastel et d’une peinture de Monet2. Deux autres pastels au sujet similaire (probablement les et CM1T6B) ont rejoint la collection de l’amateur à une date inconnue. Ces trois pastels ont ensuite été vendus aux enchères après la mort de Madame Victor Chocquet en 18993.
D’après les carnets de compte de Monet (Paris, musée Marmottan Monet, 5160(1), fol. 10), le montant de la transaction s’élève à 20 francs pour le pastel. Voir pour l’histoire de la collection. ↩︎
Claude Monet à Victor Chocquet, 4 février 1876, dans Daniel Wildenstein, Claude Monet. Biographie et catalogue raisonné, t. I, Lausanne, La Bibliothèque des arts, 1974, p. 430, lettre 86. ↩︎
Collection Chocquet – Par suite du décès de Mme Vve Chocquet, 4 juillet 1899, p. 87, nos 147 Soleil couchant, 148 Coucher de soleil, 149 Au large. ↩︎