Ce pastel peut être rapproché de deux peintures, Promeneurs sur la falaise de Sainte-Adresse et Cabane à Sainte-Adresse , datées de 1867. La première est très proche par sa composition et son motif, même si le point de vue diffère quelque peu. En effet, la peinture comme le pastel sont exécutés à mi-hauteur des falaises du cap de la Hève en direction du Havre et de l’estuaire de la Seine et la côte de Grâce au loin. La grande diagonale qui partage la composition correspond à la ligne de crête légèrement vallonnée de la falaise ; la partie supérieure réunit le ciel et la mer dans une même gamme de bleu clair (dans le pastel) et de nuances de gris (dans la peinture) ; la partie inférieure est travaillée dans un subtil dégradé de vert printanier pour rendre les différentes nuances de la végétation sauvage du coteau. Mais alors que la peinture fournit quelques repères topographiques précis tels que la chapelle Notre-Dame-des-Flots (1859, ) et le clocher de l’église Saint-Vincent-de-Paul au Havre (1860), le pastel, très épuré, offre un cadrage resserré sur ce qui semble être une cheminée, comme celle que Monet peint dans la Cabane à Sainte-Adresse (W94).
Dans ses marines à Sainte-Adresse de 1867, Monet développe un modèle structurel basé sur un ciel élevé avec un horizon prononcé, contrebalancé par un puissant coin de littoral qui souligne la géométrie sous-jacente de l’ensemble. Mer et falaise s’imbriquent pour former un bandeau contrasté, s’accordant avec le bleu du ciel et son nuage suspendu. La facture, que l’on pourrait presque qualifier de picturale, rend subtilement les nuances de vert, jaune, ocre du promontoire herbu du premier plan. Ce pastel Sainte-Adresse, vue sur l’estuaire qui reprend cette composition, ainsi qu’au moins six autres œuvres sur papier exécutées pendant ce séjour, fait partie des inventions les plus radicales de Monet1. La peinture Promeneurs sur la falaise de Sainte-Adresse (W93a) reprend également ce schéma contrasté, tout en excluant presque entièrement la mer.
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