Dans ce pastel, Monet reprend un sujet et une composition qu’il avait déjà peints à plusieurs reprises en 1899 et 1900. Charing Cross Bridge reprend ainsi la composition de l’une des premières peintures à l’huile de la série, vendue à Boussod, Valadon et Cie, à Paris, en novembre 1899 . Le pastel et la toile montrent une grande simplicité formelle qui caractérise l’ensemble de l’œuvre londonienne. Les éléments horizontaux (le pont) et verticaux (tour du parlement, Big Ben, piles du pont) s’équilibrent parfaitement, unis dans des accords subtiles de lumière. Les harmonies colorées se répondent dans des dégradés de bleu, de violet et de vert minéral. Dans la peinture, au cadrage plus ouvert, Monet inscrit la tour carrée de Westminster et la silhouette de Big Ben, toutes deux parfaitement identifiables, et que l’on retrouvera dans le lointain brumeux de plusieurs de ses tableaux de Londres. Le pastel est une vue rapprochée du pont, comme si l’artiste effectuait un zoom sur son sujet. En utilisant des feuilles de papier d’environ un quart de la taille de ses toiles, l’artiste choisit une partie ou un détail d’un motif plus grand qui a volontairement été simplifié pour privilégier les effets atmosphériques.
Ce pastel est dédicacé à un certain J. Massé, « jeune chasseur d’Afrique », un camarade que Monet a rencontré lors de son service militaire en Algérie en 1861.
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