Ce pastel L’Atelier au chat et un autre du même sujet, Chat endormi sur un lit , représentent vraisemblablement le même chat si l’on compare le pelage et la disposition des taches de poils sombres sur la tête et la croupe de l’animal. Ils ont appartenu tous les deux à Jean-Pierre Hoschedé (1877-1961). Il ne semble pas que ce chat soit celui de Monet. En effet, l’animal de compagnie n’apparaît dans aucune de ses peintures et n’est pas mentionné dans la correspondance. Dans son livre de souvenirs, Claude Monet ce mal connu, Jean-Pierre Hoschedé, beau-fils du peintre, confirme dans un premier temps que Monet, « qui aimait les animaux », n’eut jamais de chien ni de chat à Giverny « parce qu’il craignait leurs dégâts en son jardin et à ses fleurs ». Poursuivant sa réflexion, l’auteur évoque une lettre de sa mère Alice Hoschedé-Monet mentionnant la tristesse de celle-ci après la mort de la « pauvre chatte […] si douce, si facile… »1. Toutefois, aucun lien ne peut être établi entre le chat représenté sur ces deux pastels exécutés vraisemblablement vers 1864-1865 et l’animal de compagnie d’Alice dans les années 1880.
Le Chat endormi sur un lit n’est pas sans rappeler un autre chat, en terre cuite celui-ci, ayant appartenu à Monet. Il s’agit du chat japonais de l’ère Meiji (1867-1912), pièce phare de la collection personnelle de l’artiste . La sculpture en céramique avait quitté Giverny après la mort du peintre en 1926, pour être confiée à Rolande Verneiges 2, fille illégitime de Michel Monet, second fils du peintre. Rolande décède en 2008 et sa collection est vendue aux enchères en 2017. Près d’un siècle plus tard, l’objet fait son grand retour en Normandie, grâce à la générosité d’un homme d’affaires japonais3.
Ces deux pastels très décoratifs sont uniques dans la production de l’artiste. Ils annoncent le travail des nabis et plus particulièrement les scènes d’intimité domestique de Pierre Bonnard (1867-1947) ou Édouard Vuillard (1868-1940).
Jean-Pierre Hoschedé, Claude Monet, ce mal connu. Intimité familiale d’un demi-siècle à Giverny de 1883 à 1926, Genève, Pierre Cailler éditeur, 1960, p. 123. ↩︎
Michel Monet et Gabrielle Bonaventure aurait eu avant leur mariage, une fille « naturelle », Rolande Verneiges (décédée en 2008). ↩︎
L’objet a été acheté 67 000 dollars, en 2017. Il est aujourd’hui conservé à la fondation Claude Monet. ↩︎
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