Monet exécute ce pastel dans le jardin de la maison Le Coteau, propriété de sa tante Marie Jeanne Lecadre à Sainte-Adresse. Il s’est placé au plus près du parterre de gazon qui, en été, est recouvert de bosquets en fleurs. C’est l’hiver, les arbres sont dénudés et le givre matinal a déposé ses paillettes de cristaux blancs sur les feuillages et le toit de la maison voisine en contrebas. Le soleil levant est encore caché dans la brume montant de l’estuaire, mais déjà ses rayons irradient d’une lumière dorée le ciel zébré de quelques nuages fins. Au second plan, le paysage est encore plongé dans l’ombre ; le clocher de l’église Saint-Denis, quelques arbres dénudés et les masses sombres des maisons se dessinent à contre-jour.
En 1839, les Lecadre ont acquis une demeure cossue à Sainte-Adresse. Situé au nord du Havre, cet ancien village de pêcheurs est devenu une station balnéaire à la mode. Le vallon et les collines se sont progressivement couverts de villas. Celle des Lecadre est une jolie maison blanche de deux étages, au toit d’ardoises et aux volets gris-vert, que l’on entrevoit dans la peinture Jardin en fleurs de 1866 . Située sur un vaste coteau arboré, qui lui donne son nom, la maison est entourée de jardins, de serres et de vergers, et surplombée d’un petit bois. La propriété est bordée par la rue des Phares, qui monte à pic vers le plateau et le cap de la Hève, et la rue de l’église qui longe le jardin en contrebas. La tante Lecadre accueille dans ce lieu ses neveux et petits-neveux Lecadre, mais également Pascal (1761-1851) et Catherine Monet (1772-1855), Adolphe Monet (1805-1871) et ses fils Léon et Claude Monet.
Monet a peint et dessiné dans ce jardin en toutes saisons. Arbres en hiver est à rapprocher du pastel Vue de Sainte-Adresse (cmzaa9) et de la peinture Vue de Sainte-Adresse de 1864 . Dans ces deux œuvres, Monet a quitté le jardin pour s’installer à la fenêtre de la chambre qu’il occupe au deuxième étage de la maison. De là, il jouit d’une vue imprenable sur le vallon boisé au premier plan, ponctué par les clochers de l’église Saint-Denis à Sainte-Adresse et Saint-Vincent au Havre et l’estuaire de la Seine dans le lointain. Dans ce jardin, durant l’été 1867, Monet a également représenté sa cousine Jeanne Marguerite Lecadre (W68) et son père Adolphe Monet lisant (W96).
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