Dans Sainte-Adresse, la pointe de la Hève, Monet s’est placé sur la grève en contrebas des falaises du cap de la Hève. Il tourne le dos à la ville du Havre et prend pour motif le cap qui ferme par sa pointe la partie la plus septentrionale de la baie de Seine. Cette extrémité sud de la côte d’Albâtre, ce « bout du monde » est un lieu que l’artiste affectionne tout particulièrement et qu’il choisit comme sujet de son premier tableau de Salon en 1865 . La paroi de la falaise, qui est soumise à une érosion constante, s’effondre régulièrement. Les glissements de terrain et les chutes de pierres sont des événements spectaculaires, qui provoquent parfois d’importants dégâts et façonnent la plupart du temps un paysage nouveau.
Dans ce pastel, les éléments solides tels que les roches de la falaise n’occupent qu’une petite partie à droite de la composition. Ce sont les basses falaises où Monet aimait se promener. Elles apparaissent ici tout en courbes recouvertes d’une mousse verte. La notion d’échelle a disparu au profit d’un paysage aquatique et aérien. Monet joue avec la symétrie des motifs. Il privilégie la fluidité des nuages et leurs reflets sur les flaques d’eau stagnantes de l’estran. Les rochers verts de la falaise se réfléchissent sur le sable et tendent à se confondre avec des amas d’algues déposées par la marée. Au loin, à la pointe de la Hève, un voilier échoué est étendu sur le sable. Monet travaille sur ce motif dans un grand nombre de pastels et dessins. Dans le pastel Sainte-Adresse, voilier échoué , Monet s’est rapproché de l’embarcation qui devient le sujet principal.
Le même bateau échoué est également le sujet de cinq dessins (D417, D418, D419, D420 et D421), où il est toujours dessiné d’un point de vue opposé au pastel. Monet s’est placé au-delà du cap de la Hève, portant son regard en direction du Havre. Au plus près de son motif, il croque en série les différentes étapes du démantèlement de l’épave.
Ce pastel a été acquis par le navigateur havrais Émile Billard (1852-1930) directement auprès de Monet. Billard a également acheté un autre pastel de l’artiste, Sainte-Adresse, vue sur le Perrey (cmoa8n), ainsi que plusieurs peintures de Caillebotte et de Boudin.
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