Monet est un familier d’Étretat depuis son enfance au Havre. En 1864, il découvre la petite cité balnéaire avant de revenir y peindre, quatre ans plus tard. Entre 1883 et 1885, l’artiste y séjourne à nouveau, peignant près de quatre-vingt-dix toiles, s’attachant aux motifs de la porte d’Aval et de l’Aiguille, de la porte d’Amont, de la Manneporte, ainsi que des bateaux de pêche sur la plage. Monet dessine également plusieurs pastels de la porte d’Aval et de l’Aiguille selon ce même point de vue. Le contraste entre la paroi rocheuse sombre et le spectacle lumineux du soleil se couchant sur la mer sont une source inépuisable de variations sur un même motif. Un autre pastel est construit selon ce même schéma, mais ici Monet inscrit dans sa composition les silhouettes noires de deux petits voiliers.
Le baryton Jean-Baptiste Faure (1830-1914) est le premier acquéreur de ce pastel1. C’est dans sa villa d’Étretat, considérée par la critique comme une « galerie de l’art moderne », que Faure reçoit Monet et sa famille en octobre 1885. Le 22 mai 1886, alors qu’il est en pleine tournée de concerts en France, Faure exprime à Monet son souhait d’acquérir de nouvelles œuvres de lui : « Vous connaissez mon goût, mettez-moi de côté deux ou trois toiles de votre choix, dites-moi dans quelles conditions je puis en devenir propriétaire… Quant à la petite hospitalité que j’ai eu le grand plaisir de vous offrir à Étretat, je vous prie de n’en point parler car vous m’offenseriez sérieusement en m’offrant quoi que ce soit 2. » Monet a-t-il respecté la volonté du collectionneur ? Rien n’est moins sûr et on peut justement envisager qu’il remercia son hôte par le don de quelques croquis au pastel. En dehors de celui-ci Faure acquit cinq pastels, notamment Étretat, la Manneporte à marée basse (cmfejs), Étretat, l’Aiguille et la porte d’Aval (cmoodj), Étretat, l’Aiguille et la porte d’Aval, soleil couchant, Yport, les grottes (cm92nd) et Nuages sur la mer.
Contenu