Au XIXe siècle, lorsque l’excursionniste quitte Étretat par le chemin côtier, il découvre un paysage grandiose entre l’à-pic des falaises crayeuses et le vert bocage normand . Après la porte d’Aval et son aiguille, il longe la Manneporte, avec son arche qui enjambe la mer, avant d’atteindre la pointe de la Courtine, située à 2 kilomètres d’Étretat. À cet endroit, le point de vue sur la valleuse d’Antifer est aérien et se termine au sud par la pointe du Fourquet. C’est là que Monet s’est arrêté et a dessiné ce pastel, Étretat, le cap d’Antifer. Installé sur le versant nord de la valleuse d’Antifer, il contemple les hautes falaises, les lignes de crêtes et les cavités béantes avec en contrebas la longue plage de galets. Monet a dessiné la petite cabane qui servait d’abri sommaire pour les agents de l’administration des douanes. Ces cabanes qui jalonnaient autrefois le rivage ont été supprimées vers 1900, quand elles n’ont pas disparu, détruites par les assauts répétés de la mer et du vent.
Monet a exécuté dans ses carnets un dessin au crayon où il pose sur le papier les grandes lignes de son paysage, les falaises du val d’Antifer et la cabane du douanier . Probablement très satisfait de son dessin et de son croquis au pastel, Monet en propose une version unique en peinture : Le Val d’Antifer . Comme le note Daniel Wildenstein dans le tome V du catalogue raisonné, ce pastel n’est ni une étude préparatoire pour la peinture ni un exercice d’après la peinture mais bien une œuvre à part entière. Toutefois, l’extrême similitude de ces deux variations sur un même motif indique que le pastel a permis à Monet de reprendre en peinture les grandes lignes de son paysage. La composition et les effets de lumière et de reflets sur l’eau dans une perspective atmosphérique tout en demi-teintes sont d’une grande subtilité. Deux zones de tailles identiques s’interpénètrent : la première correspond à la mer et le ciel qui se confondent dans le lointain, la seconde est consacrée à la falaise rocheuse dont le surplomb est rendu plus évident encore par la présence de la cabane construite au bord de l’abîme.
Le collectionneur Russe Ivan Chtchoukine (1817-1908) a acquis ce pastel vers 1895, ainsi qu’un autre Sainte-Adresse, la cabane d’Alphonse Karr (cm27z4).
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